Le premier album de ce quintet anglais, qui reste honteusement oublié depuis ses débuts en 2000 sur la liste des meilleurs groupes de "post-rock", invite l'auditeur à un fascinant voyage (les 4 titres de l'album durent chacun 20 minutes).

Enregistré dans les conditions du live, "I Felt Nothing At All" dispose d'une subtilité parfois absente dans le post-rock (les dernières productions d'Explosions In The Sky notamment) ainsi, A summer spent observing green leaves et Nothing of how to live, only to get and get and get sont des morceaux extrêmement riches et denses qui dévoilent une succesion de petites perles musicales. Les morceaux Be He That Lives to Telephonic Only! et Art as Survival / Survival as Art très classiques étonnent par leur maitrise et leur sobriété d'execution même dans les envolées sonores.

A chaque fois, les titres prennent le temps de s'installer et proposent un véritable univers riche et cohérent. Ces "écrivains sonores" ont réalisé avec "I Felt Nothing At All" un roman fleuve parcouru d'images à la fois tristes et mélancoliques mais toujours sublimées par une humilité à toute épreuve.

Si l'on voudrait être réducteur on pourrait dire que le mélange parfait entre Mogwai et Godspeed You Black Emperor a été réalisé sur cet album mais on sent bien que les influences des 5 garçons vont plus loin que çà et que Boards of Canada, Yo la Tengo et Sonic Youth veillent sur eux.

C'est là toute l'intelligence du groupe, à l'image de leur magnifique second opus "A Hat": ne pas s'auto-caricaturer et se perdrent dans les mêmes schémas sonores comme beaucoup de groupes glorieux du post-rock (le dernier mogwai par exemple).